IBRAHIMA KEITA, DIRECTEUR GENERAL KAFO JIGINEW « Nous avons augmenté notre capacité de résilience »

Ibrahima Kéita préside aux destinées de Kafo-Jiginew depuis janvier 2021 suite à sa nomination par le Conseil d’administration le 14 décembre 2020, après que son prédécesseur feu David Dao (Paix à son âme) a fait valoir ses droits à la retraite depuis décembre 2018 et était à la fin de son contrat de prestation en fin décembre 2020 avant d’être arraché à notre affection le 20 décembre 2020. Ibrahima Kéita, après 2 ans comme inspecteur des conseillers en gestion au Projet Gestion Rurale, a intégré Kafo-Jiginew en juin 1998. Il y grimpera les marches pour prendre les rênes.

D’abord délégué régional, inspecteur, directeur d’agence, directeur d’exploitation et adjoint au Directeur général pendant 7 ans, celui qui organise son premier Conseil d’administration « CA » et sa première Assemblée générale aujourd’hui comme directeur général, connaît la maison pour y avoir passé le plus clair de sa riche carrière durant 23 ans. Avec lui, et avant ces travaux statutaires, il revient avec nous sur l’année 2020, l’environnement et les perspectives pour Kafo-Jiginew.

Mali-Tribune : Du 15 au 17 juin 2021, durant 3 jours doit se tenir le Conseil d’administration et l’Assemblée générale annuelle de Kafo-jiginew. Quelles sont les décisions importantes qui doivent être prises ?

Ibrahima Kéita : Je voudrais d’abord saluer et féliciter les membres, les élus et le personnel de Kafo-Jiginew. Souhaiter que la paix et la quiétude reviennent rapidement dans notre pays. Aussi, je m’incline devant la mémoire de tous nos vaillants militaires et civiles et ceux des pays frères et amis, tombés sur le champ de l’honneur en défendant l’intégrité de notre cher Mali contre l’obscurantisme.

Les activités de ces 3 jours sont des exercices statutaires et de bonne gouvernance. Il s’agit du Conseil d’administration et de l’Assemblée générale annuelle des sociétaires. Il s’agira de faire approuver nos comptes pour l’exercice 2020, d’abord par les administrateurs du Conseil d’administration et ensuite par les membres représentant des 19 caisses de l’Assemblée générale. De grandes décisions sont attendues : Il s’agit de la perspective de modernisation et de la digitalisation de l’institution.

Nous espérons que le CA va nous autoriser à aller vers cette digitalisation et même vers la banque à distance. Dans notre contexte d’insécurité, il est important de trouver des parades. Avec nos 158 guichets, surtout en milieux rural, il nous faut toujours réfléchir à comment mieux servir nos sociétaires dans la sécurité. La banque digitale nous augure la possibilité de remplacer à moyen terme les guichets ruraux exposés à l’insécurité grandissante par des guichets virtuels communément appelés les « GAB » ou Guichets automatiques qui offriront en toute sécurité et à tout moment, les possibilités d’effectuer les opérations de dépôts et de retraits.

D’ailleurs, déjà, dans cette perspective, nous avons déjà signé une convention de partenariat avec la BNDA. Dans ce sens, nous allons co-brander leur carte magnétique GIM-Uémoa avec les logos des deux institutions, pour que désormais les membres/clients de Kafo Jiginew puissent avoir accès à leur épargne tous les jours et 24H/24 dans tous les guichets automatiques des pays de l’Uémoa.
Nous avons également établi des contacts avec d’autres partenaires pour le transfert d’argent et les services digitaux tels « Danaya Cash » avec la « Finao » et « Sama Money » avec une star top malienne.

Kafo-Jiginew a aussi créé depuis 2019 en partenariat avec Niesigisso et Soro Yiriwasso sa propre compagnie de Micro-assurance-vie, avec un capital de 500 millions F CFA. Autre décision importante, cette nouvelle société d’assurance va procéder à l’augmentation et à l’ouverture de son capital à d’autres partenaires à hauteur de 500 millions.

Mali-Tribune : Le Mali a connu la Covid-19 et des crises multiples. En quoi elles ont affecté votre entreprise ?

I.K.: Si vous avez suivi, en plus de ces multiples crises, il y a eu aussi la crise du coton, qui a amené le boycott de la culture du coton par les paysans. Or, Kafo-Jiginew est assez tributaire du coton. Il va s’en dire donc que nous avons été affectés.

En 2019/2020, durant cette campagne de commercialisation, Kafo-Jiginew avait enregistré plus de 15 milliards F CFA de rentrée des recettes du coton dans ses guichets et cela, avant même la fin de la campagne. Contrairement à la campagne suivante 2020/2021, alors que la paie du coton est déjà finie, l’institution n’est qu’à 2 milliards F CFA de domiciliation des recettes du coton. Ça montre déjà les conséquences, ne serait-ce qu’en termes de capacité d’opportunité en octroi de prêts et de la dégradation de la qualité du portefeuille de l’institution à travers la forte dégradation de la capacité de remboursement de ses membres/clients.

Cependant, le côté positif de ces crises multiples a été le renforcement de la capacité de résilience entre les caisses de Kafo-Jiginew, d’une part, mais, également entre les membres et l’institution, d’autre part.

Grace à cette forte capacité de résilience, nos sociétaires n’ont pas senti ces crises dans la manière d’être mieux servi dans les 158 guichets de l’institution. D’ailleurs, cela a augmenté leur confiance avec Kafo-Jiginew, qui s’est traduite par l’augmentation du membershing et de l’épargne. La confiance avec les partenaires techniques et financiers s’est aussi renforcée.

Mali-Tribune : Comment se porte Kafo-Jiginew ?
I.K.: Nous avons prouvé que Kafo-Jiginew est une institution solide. Avec ces crises, beaucoup d’entreprises ont disparu. Kafo-Jiginew s’en est sorti non seulement indemne et même renforcée.
D’ailleurs, l’institution a obtenu en 2020, les meilleures notes « BB » en performance financière et sociale à travers le rating effectué par l’agence de notation internationale « Microfinansa ».

Mali-Tribune : Quelles sont les perspectives ?
I.K.: La situation actuelle est que les leçons apprises permettent de voir des lueurs d’espoir. Nous devons encore travailler pour consolider les acquis. Il faut que les sociétaires continuent à faire confiance et à croire en leur institution citoyenne.

Kafo-Jiginew va évoluer avec les nouvelles technologies. C’est pourquoi, l’institution a pris des mesures pour changer désormais sa manière de faire à court et moyen terme, avec la modernisation de son système d’information et de gestion, la diversification et la modernisation de ses services dans la sécurité, en réduisant ses charges d’exploitation et en améliorant son produit net bancaire dans la plus grande satisfaction de ses membres et pour sa pérennité.

Bientôt, l’institution aura un système d’exploitation informatique pour fusionner toutes les bases de données après d’énormes investissements en interconnexion et en informatisation en front office de tous ses 158 guichets. Cela va encore donner plus de célérité et de fiabilité à nos opérations, plus d’opportunités à l’institution d’offrir des services modernes diversifiés à ses membres avec plus de rentabilité et de viabilité.

Mali-Tribune : Kafo-Jiginew a changé ses textes sociaux, ce qui a amené le changement des dirigeants. Qu’est-ce que cela apporte de nouveau ?

I.K.: C’est un choix volontaire. Avant, il n’y avait pas de limitation de mandat à Kafo Jiginew. Les six réseaux SFD qui composent la Confédération des Institutions Financière d’Afrique de l’Ouest « CIF-AO » venant de différents pays qui sont : le Mali, le Burkina Faso, le Sénégal, le Togo et le Bénin, ont opté volontairement depuis 2015 pour harmoniser et améliorer leur mode de gouvernance et de gestion à travers des grands changements dans leurs textes sociaux dont la limitation de mandats des élus administrateurs. Cette année, en mai 2021, Kafo-Jiginew a déjà renouvelé tous les organes de gestion de ses 19 caisses à travers les Assemblées Générales Extraordinaires de façon démocratique et transparente. Le 17 juin 2021, lors de son Assemblée générale extraordinaire qui succédera à son Assemblée générale annuelle, l’Union des caisses Kafo Jiginew procédera aussi au même exercice d’élection et de remplacement de ses organes de gestion à savoir : Le Conseil d’administration, le Comité de crédit et le Conseil de surveillance.

Ces renouvellements vont insuffler une nouvelle dynamique dans la gouvernance et la gestion des caisses et au réseau tout entier, surtout avec la rotation des postes de responsabilités entre les guichets qui composent les caisses et entre les délégations régionales qui composent l’Union Kafo Jiginew.

Source : malijet

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